Un article rédigé par Alain Lefebvre - mai 2013
Aujourd’hui, une chronique un peu différente : je vais vous parler de sujets me concernant, deux aveux en fait… d’où le titre de cette chronique.
Tout d’abord, il est temps que je désigne ma simulation préférée, d’autre part je voudrais partager avec vous une constatation troublante : "le siège qui bouge", comme on appelle souvent les
cockpits dynamiques, n’apporte rien !
Commençons par le premier sujet : ma simulation préférée. Ce n’est pas un sujet facile pour deux raisons : tout d’abord, il n’y a aucune raison pour que MA préférence puisse intéresser qui que ce
soit !
Ensuite, en tant qu’auteur du livre qui passe en revue l’offre du marché en la matière, on s’attend à ce que je sois le plus objectif possible (comprendre "que je laisse mes préférences de côté pour ne pas biaiser mes propos sur les différents produits"…).
Mais tant pis, je me lance, ma simulation préférée, c’est GTL !
Eh oui, le "vieux" GT Legends de SimBin reste, pour moi, inégalé. Du coup, ça reste pour moi une source importante de mystères et de frustrations car comment comprendre que l’offre du marché (surtout en ce moment où le marché fourmille de nouveautés en devenir) n’ait pas supplanté largement ce titre et l’ai renvoyé dans l’oubli, une bonne fois pour toutes ?
Commençons par dire pourquoi je pense que GTL est encore ce qui se fait de mieux actuellement… La réponse est simple : c’est au volant de GTL que je prends le plus de plaisir, point. Cela mérite quelques explications : en premier lieu je ne vois pas de gros défaut à GTL. Bien entendu, il y a des lacunes : le nombre de voitures maximum en piste est limité à 36 alors que rFactor peut aligner plus de 50 concurrents sans problème (et sur des grands circuits comme Le Mans, ça fait une différence sensible). La météo n’est pas gérée et il n’y a pas de monoplaces. C’est tout pour les lacunes ?
Honnêtement, je crois que c’est tout ce qu’on peut reprocher à GTL…
En revanche, il y a beaucoup à apprécier car même si le titre commence à afficher un âge respectable (mais encore loin du record en la matière toujours détenu par GPL… GTL a encore de quoi voir venir !), les graphismes et les "effets spéciaux" sont loin d’être ridicules, surtout si on compare à rFactor. Avec une touche très particulière (unique même je dirais), GTL peut vous en mettre plein la vue avec un soleil rasant qui devient carrément gênant sur certains circuits !
Bien sûr, on ne peut le comparer à PCARS sur ce plan mais le faire serait déplacé : il ne s’agit pas de la même génération.
En revanche, il n’est pas déplacé de comparer GTL sur le plan du comportement des voitures et là, ce titre vénérable ne craint personne !
En effet, certaines des voitures proposées (pas toutes, je n’aime pas celle de la catégorie 65) sont un vrai régal à piloter. Et, franchement, on se prend vraiment au jeu au volant… Une BMW ou une Porsche de la catégorie 76 sont vraiment vivantes, précises tout en étant difficiles à placer à cause de leur poids et de leur adhérence limitée (eh, c’est des anciennes tout de même, faut pas oublier !). On est ici dans un domaine très subjectif et où les opinions différent radicalement mais je persiste : pour moi, c’est bien GTL qui transcrit le mieux les sensations au volant quand on se bat pour rejoindre le point de corde après un freinage tardif. Le retour de force n’est pas aussi bon que celui de rFactor2 (ici aussi, les opinions divergent largement !) mais il accompagne bien les sensations visuelles et auditives.
Autre point fort très important : les IA. Disons-le tout net, c’est bien le seul titre où l’on trouve des IA qui se comportent comme on est en droit de l’attendre. Elles vous donnent du fil à retordre dans les bagarres en peloton et chaque victoire doit vraiment s’arracher mais jamais vous n’avez à vous plaindre d’un comportement absurde (genre une voiture qui se transforme tout d’un coup en torpille et oui, je sais que vous voyez très bien ce que je veux dire !). Cela ne veut pas dire qu’on est à l’abri des surprises car les IA font aussi des erreurs et vous devrez quelquefois éviter un concurrent en perdition mais "ça fait partie des risques normaux", n’est-ce pas ?
En plus de ses qualités intrinsèques, GTL est également bien supporté par la communauté et on trouve de nombreux mods et circuits supplémentaires pour ajouter au contenu de base qui n’est déjà pas ridicule. Preuve de l’attrait -justifié- de ce titre, les mods sortent encore régulièrement dernièrement. En ce moment par exemple, je me régale avec la version 1967 de Zolder (pas de chicane !) au volant d’une BMW groupe 5 qui est bien plus puissante que les versions Schnitzer et Alpina disponible en standard, merci les modders !
GTL a encore les ferveurs d’un large public et SimBin l’a bien compris puisque l’éditeur a eu l’intelligence de mettre en ligne récemment (et gratuitement pour les possesseurs du DVD original !) une version compatible avec Windows 7.
C’est d’ailleurs une question que l’on peut se poser en vantant ainsi l’intelligence de SimBin : pourquoi ne pas faire une version 2 de GTL au lieu de se perdre dans les douteuses méandres d’un RRRE ?
Et puisqu’on aborde les questions qui fâchent, pourquoi est-ce que ni SimBin, ni Slightly Mad Studio (le concepteur de PCARS mais qui est aussi à l’origine du projet GTL…) ne sont capables de nous proposer des voitures qui reprennent le comportement si réussi des voitures de GTL ?
Bref, à mon humble avis, GTL est le titre le plus sous-estimé de l’offre actuelle (oui, actuelle, j’insiste) et je ne serais pas surpris d’apprendre que nombre de "connaisseurs" partagent ce point de vue…
Passons à mon second aveu : celui concernant les cockpits dynamiques. Je possède (depuis 2006) un SimCom Motion conçu et fabriqué par Frex GP et, jusqu’à il y a peu, j’en étais très content. Certes, c’est relativement fragile (les profilés en alu peuvent rompre en certains points où les contraintes s’exercent) mais c’est aussi (relativement) facile à réparer. Le SimCom est reconnu par presque toutes les simulations du marché (grâce au drivers régulièrement mis à jour par Frex GP) et le niveau de mouvement (ampleur et vitesse) est réglable grâce à une petite interface correctement conçue.
Alors, où est le problème ?
Eh bien, jusqu’à récemment, je considérais que ce type de cockpit permettait de renforcer l’immersion et, ainsi, de faciliter la concentration sur le pilotage. Mais je viens de changer d’avis. Je viens de mener une série d’expériences comparatives et je dois dire que je suis le premier surpris par mes conclusions : le cockpit dynamique n’apporte rien (le mien en tout cas !) et s’avère même être une gêne dans certains cas. Je pense désormais qu’on gagne bien plus à améliorer son système de vision (en passant au triple screens par exemple) ou à bien régler son volant et, en plus, ça coûte bien moins cher !
Je doute fort que mes conclusions seraient différentes avec un cockpit différent de celui de Frex GP. En fait, je pense même que ces conclusions s’appliquent à presque tous les cockpits dynamiques actuellement disponibles.
Il y a quelques années, j’avais déjà pu remettre en cause le principe d’une visualisation solidaire du mouvement (comprendre l’écran ou les écrans qui bougent en même temps que le siège, principe qu’on retrouve souvent sur les grosses installations) car cela provoque alors des troubles de l’oreille interne et donc une sensation de nausée assez rapidement. Mes échanges avec un médecin spécialiste de la question (celui-ci était même venu chez moi pour essayer mon SimCom…) avaient confirmé mes doutes sur la question. Aujourd’hui, je grimpe un degré de plus : oubliez le fantasme du "siège qui bouge", ça a l’air bien mais ça ne l’est pas en fait !
Du coup, je roule désormais avec les vérins de mon SimCom en position fixe et, finalement, je me sens mieux comme cela (vais-je aussi renoncer au retour de force lors d’un prochain épisode ?). Je ne sais pas si cet aveu vous sera utile mais je me suis dit que ce n’était pas honnête de garder cela pour moi.
Illustrations : steamcommunity.com
Vidéo : shigetfrex
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