Grand Prix Legends, vous vous en êtes surement rendu compte, évoque en moi beaucoup de nostalgie. C'est, bien sûr, la qualité du logiciel mais aussi et surtout la communauté qui s'était créée autour de lui.
Au début des années 2000, les réseaux sociaux tels que nous les connaissons aujourd'hui n'existaient pas. Nous avions cependant créé le notre autour de GPL. Une communauté sans cesse grandissante avec ses codes, son langage, ... J'ai eu cette chance infinie, alors, de rencontrer une foule incalculable de personnes (en vrai ou seulement en virtuel du reste). La moyenne d'âge était relativement élevée (envrion 35 ans) et toutes les catégories socioprofessionnelles étaient représentées. Il y avait même des médecins comme j'aimais à le dire, parfois, pour me défendre de cette activité difficilement avouable. Au delà de la conduite sportive de chambre, des talents se sont révélés. Qui dans le dessin, la musique, la réalisation, l'écriture, ... J'ai retrouvé, il y a peu, quelques archives de cette époque et il m'est venu l'idée, par le biais de ce blog, de les partager avec vous. Certains, les plus anciens, s'en souviendront, les autres, je l'espère, pourront les apprécier à leur juste valeur.
Nous sommes en 2002 ou 2003, la compétition bat son plein, la communauté s'élargie encore et toujours plus. Le premier volet (je ne sais pas encore si je vais réaliser une série "revival" sur le sujet...) concerne l'écrit d'un certain Colnem, hommage de talent et d'humour pour notre simulateur favori et la communauté qui retranscrit bien le sentiment des instants que nous vivions.
Le siècle avait 67 ans
En ce temps là, seuls les oiseaux, les avions et Jacques Anquetil avaient des ailes. Les deux derniers se payaient même le luxe d'un turbo! L'effet de sol n'était rien d'autre qu'une prouesse technique musicale. Tout au plus un surnom donné à la loi de la pesanteur.
Alors pourquoi, 31 ans plus tard, un concepteur de simulation de conduite sportive sur PC s'est-il mis dans la tête de faire revivre ces véhicules d'un autre âge? Des droits d'auteur moins onéreux? Peut-être...
Quoiqu'il en soit, nous ne remercierons jamais assez Papyrus1 d'être allé au bout de cette idée. Car les "formule 1" d'aujourd'hui, certainement plus difficiles à dompter, ne doivent pas, j'en suis persuadé, procurer le plaisir qu' éprouvaient ces pilotes de légende: Jim Clark, Graham Hill, Jo Siffert, Jack Brabham et les autres... Ils s'amusaient certainement davantage que nos Schumacher, Hakkinen ou Alesi d'aujourd'hui. D'ailleurs, ne dit-on pas que Montoya se détend sur Grand Prix Legends?
J'ai acheté ce jeu par hasard. Mon premier tour à Watkins Glen, j'ai dû le faire en 10 minutes. A chaque fois que j'appuyais sur l'accélérateur, la voiture partait en tête à queue! Au bout de quelques semaines de labeur acharné, j'ai découvert l'ivresse de la conduit "en crabe", l'euphorie d'un dérapage plus ou moins contrôlé, et l'amertume de me faire prendre un tour avant la fin d'une épreuve "novice"! Bientôt, (en bricolant un peu les fichiers, je dois l'avouer), je glânai quelques lauriers.
C'est alors que les premières frustations apparurent.
Car, enfin, je ne gagnais des courses que par la bonne volonté d'un programme conçu pour me faire plaisir de temps à autre. Je ne me battais jamais que contre moi-même. Mes échecs étaient écrits autant que mes succès. En langage machine, certes, mais écrits tout de même!
Les premiers doutes également.
Suis-je normal, au fond? Les enfants courraient dire au voisin que, de temps à autre, je m'enfermais dans la chambre avec un casque sur la tête!
Alors, parce que les passions ne sont pleinement vécues que lorsqu'elles sont partagées, je me mis en quête, via internet, d'autres jobards sur la planète.
Il y avait foule sur VROC!
Enfin, les pixels qui me dépassaient matérialisaient une volonté qui devait exister quelque part dans une autre chambre. Tout était possible pour l'instant à venir. Et je ne pouvais rien "bidouiller" pour que les autres aillent moins vite.
Aïe! Dans quel engrenage venais-je de mettre le volant ?!
Je ne tourne désormais off line que pour mieux préparer mes courses sur le net!
Et, bientôt, de nouvelles frustations...
Comment engueuler le sauvage qui m'a proprement éjecté dans la Parabolique. Tout au plus un message en "Conversation". Mais j'écris très mal le japonais et le comprends moins bien encore. Et lorsque,parfois, je gagnais, il n'y avait personne pour confirmer et reconnaître que j'étais le plus fort. (Si si, c'a m'est arrivé un jour. Je ne m'étais pas rendu compte que j'étais seul en course!).
C'est alors que je découvris la Ligue Française de Grand Prix Legends.
Des types qui prenaient GPL encore plus au sérieux que moi. Qui vous sermonnaient fermement lorsque vous prononciez le mot infâme: "jeu". Qui vous faisaient payer les pots d'échappement cassés à la fin de chaque course. Qui ne sortaient de leurs fantasmes que pour rentrer dans la virtualité de la vie quotidienne en attendant que la réalité de la prochaîne course ne leur remette les roues sur la toile.
Ce fut le premier remplacement (en Cooper au Nurburgring! Merci Nounet...), le premier contrat chez Mach One2 (sur Ferrari, Merci Julien) et les premiers compliments d'un extra-terrestre (Merci Florent, au regret de n'avoir pas tenu tes promesses). Enfin, je savais pourquoi je tournais. Je savais qu'à chaque virage, il y avait le Vieux3 qui surveillait mes trajectoires. D'autres que moi étaient intéressés à mes "performances".
Est-ce vrai que l'on n'existe que par ce que l'on apporte aux autres?
Depuis, j'ai retrouvé mon équilibre. Lorsqu'on me traite de "fada", je donne l'URL de la LFGPL. Je dis à mes gouailleurs d'aller voir la tête de Michel Delplace4 sur les photographies du site Mach One5. Je leur fais lire les compte-rendus de Jops ou de Nicolas Tailler, les batailles interminables de Florent et de Juju, les explications ésotériques de Manu sur les secrets cachés du différentiel...
Et surtout, je leur dis de faire le tour des sites internet consacrés à Grand Prix Legends.
Ainsi, je suis sûr de ne plus les rencontrer pendant de longs mois... Si ce n'est, peut-être au sortir d'une courbe!
COLNEM
PS:"Ce qui sépare un homme de son enfance, c'est le prix de ses jouets". Je ne me souviens plus qui a écrit ça. Tant de lucidité, ce ne peut être qu'une femme. La seule absence de la LFGPL! |
Quelques notes explicatives que je me suis permis d'ajouter :
1. Le studio de développement de Grand Prix Legends, aujourd'hui disparu
2. Mach One Racing a été aussi mon équipe virtuelle pendant de nombreuses années
3. "Affectueux" surnom que nous donnions à notre chef d'équipe (Team Manager) en raison de son grand âge (soixantaine)
4. Le vrai nom du "Vieux"
5. J'avais, à l'époque, réalisé un site complet ainsi qu'un forum pour cette équipe