Un article rédigé par Alain Lefebvre - décembre 2013
Alors que tout le monde ou presque a les yeux braqués sur Kunos et Assetto Corsa, mesurant les progrès des versions successives de la sortie anticipée du titre (early access), je vous propose de revenir sur une sortie qui, sans être passée inaperçue, n’a sans doute pas eu la couverture méritée.
Après tout, il n’y a pas si longtemps, quand SimBin proposait un nouveau titre, c’était un événement et on se ruait dessus… « Autre temps, autre mœurs… » disaient les Latins.
On parlera d’Assetto Corsa une autre fois mais voyons ce que ce titre nous propose. Déjà, le choix de ce championnat (le fameux DTM allemand) permet de limiter l’enveloppe, tant en termes de licence que de simulation : ici, pas besoin de simuler les courses de nuit parce que c’est pas prévu. Pas besoin non plus de développer des dizaines de voitures différentes puisqu’il n’y en a que trois !
Après les errements récents de Race Room Racing Experience, je suis heureux de voir que SimBin tente de rester dans la course (sans jeu de mots) mais ce tout nouveau titre n’a pas eu une naissance facile. Tout d’abord, on nous annonce que le multiplayers devra attendre (la version II du jeu, prévu pour 2014… Quand exactement ? On ne sait pas…). Avouons que, de nos jours, une simulation qui fait l’impasse (provisoirement) sur la dimension online, ça parait pour le moins bizarre.
Et ce n’est pas tout : alors que le jeu semble être présenté comme un titre autonome il n’en est finalement rien. En effet, il s’agit finalement d’une extension du mal en point Race Room Racing Experience… Sûrement que cela fait sens pour SimBin mais pour nous, c’est moins évident !
Tout d’abord, on a du mal à comprendre comment acheter et ensuite comment installer le jeu. Je suis sûr que cela a dû en décourager certains et ça se comprend. Ensuite, on hérite de l’horrible interface de RRRE et ça, c’est encore plus dommage. Quand on voit l’interface ingénieuse et bien réalisée qu’affiche Assetto Corsa, on se dit que tous les autres éditeurs devraient copier sans honte ce bon modèle une bonne fois pour toute afin qu’on ait plus besoin de se plaindre sur cet aspect-là.
Une fois qu’on a enfin réussi à entrer dans ce titre (ça se mérite !), que trouve-t-on ?
Là aussi, on ne peut pas dire que les premiers pas aient été glorieux car des critiques sévères se sont fait entendre : pas de simulation des dégâts (seulement sur le plan visuel) et une IA trop lente. J’ajouterais un retour de force trop timide aussi…
Mais alors, c’est un flop total ce « DTM experience » ? SimBin a -encore- raté son retour ?
Non, pas tout à fait car sinon, selon le bon principe « qu’on ne tire pas sur une ambulance », j’aurais écrit sur un autre sujet.
Donc, y a de l’espoir docteur ?
Oui, absolument car, au-delà des nombreux aspects négatifs (dont certains sont surprenants : pas de online ni de gestion de dégâts, dans une simulation, sérieux ?), DTM Experience propose effectivement une expérience intéressante mais c’est plus un jeu de course de voitures qu’une vraie simulation pour les purs et durs.
Cependant, ainsi qu’on l’a dit et redit ici même, nous ne devons pas limiter le SimRacing au seul domaine de la simulation hard core (même Kunos l’a compris puisqu’Assetto Corsa est bien moins radical que netKar Pro). En ce sens, DTM Experience est sans doute le titre de Simracing le plus accessible sans pour autant verser dans l’arcade comme Grid ou d’autres (les titres sur consoles par exemple).
Voyons donc les points forts du dernier né de SimBin avant de décortiquer ce qui fait sa spécificité et son intérêt propre. Tout d’abord, le son des voitures (et pas seulement du moteur) est vraiment brillant. Or, le son compte beaucoup dans l’immersion. Là, le son joue tout son rôle à tel point qu’il met en exergue la faiblesse du retour de forces. Si ce dernier avait été réussi, SimBin tenait là quelque chose de vraiment fort ! Dommage…
Les graphismes sont bons (mais pas exceptionnels), la fluidité est bonne (mais pas exceptionnelle…) et le comportement des IA est bon avec un manque évident du côté performance. Attention, il ne s’agit pas d’un déficit abyssal comme j’ai pu le lire ça et là : au niveau « get real » il n’est pas vraiment facile de gagner, ce n’est pas simplement pas assez difficile, nuance… Donc, si vous avez un bon rythme et que vous savez gérer une course, oui, vous allez gagner mais sans pour autant avoir creusé un boulevard sur le second (car, justement, il faut gérer). Pourquoi faut-il gérer, explique !
Tout d’abord parce que les voitures ne sont pas si faciles à piloter et ensuite parce qu’il faut tenir compte de l’usure des pneus (ouf, ça au moins c’est géré, ce n’est pas comme la consommation de carburant…). Arrêtons-nous sur le comportement de voitures. Au début, j’ai cru qu’il s’agissait du modèle classique des voitures modernes : beaucoup de grip, qu’on doit piloter « à bloc » en espérant ne pas franchir la limite où la voiture décroche sans crier gare. Bonne surprise, ce n’est justement pas le cas. Tout d’abord, le freinage doit être au moins un peu dégressif : si vous arrivez en freinant à bloc, jusqu'au point de corde dans un virage, il y a de bonnes chances que ça se termine mal. Peut-être pas la première fois ni la seconde mais, tôt ou tard, vous êtes dehors. Donc, on est obligé de modérer cette phase afin que tout se passe bien virage après virage, tour après tour. Ensuite, la gestion des gaz. En mode « get real » (le seul vraiment intéressant pour nous autres), pas d’antipatinage (d’ailleurs, ce point n’est pas très clair et, comme il n’y a aucune documentation sur ce titre, tous les avis sont les bienvenus !) et, au moins sur les premiers rapports, vous ne pouvez pas remettre les gaz comme une brute et espérer ne pas être puni… Là aussi, un minimum de modération est attendu.
Une fois qu’on a compris tout cela, on s’aperçoit que pour aller vite et rester sur la piste, il faut conduire avec finesse et c’est un bon point. DTM Experience n’est pas un titre qui va vous punir à chaque occasion (genre iRacing) mais si vous exagérez trop, vous allez y avoir droit. C’est en cela qu’il s’agit d’un jeu « accessible » tout en étant attrayant car les courses restent disputées.
Ceci dit, ce n’est sans doute pas encore le titre qui va redonner à SimBin sa position d’antan. Ah s’ils pouvaient nous faire une version modernisée de GTL, voilà qui serait top !
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