Alors que je consultais l'un de mes forums préférés, celui de la FFSCA pour ne pas le citer, j'ai été attiré par l'intervention d'un jeune homme, de 20 ans, qui se plaint de ce qu'est devenue la Formule 1. Il dit en substance que cette mascarade le fait rire, qu'il suivait les Grand Prix "dans le temps" et que maintenant, ce qu'il voit, ce n'est que magouilles. Il conclut par le fait que la F1 n'est plus ce que qu'elle a été et que cela lui fait mal au coeur.
J'ai voulu dans l'empressement lui répondre mais je me suis ravisé, mon intervention n'avait rien à voir avec le sujet initial lancé. J'ai conservé le texte pour ce blog, il y trouvera bien plus naturellement sa place. J'en ai profité pour l'étoffer et l'agrémenter de quelques images.
Pour ceux qui s'y intéressent depuis plusieurs années et dans la majorité des cas, on a tous, plus ou moins j'ai l'impression, un problème avec l'évolution de la F1. Mais, n'est-ce pas notre évolution plutôt que celui de la F1 qui, finalement, nous pose problème ? Pourquoi se voit-on obligé de faire notre Cabrel : "C'était mieux avant" ? Mais finalement c'était quoi avant ? Avant quoi, qui, du reste ?
Rétrospective personnelle, je n'ai raté que très peu de Grand Prix, à la télévision de 1982 à 2000. C'est à la fin de cette période que j'ai lâché prise. Je me suis sans doute lassé, à l'image de ce jeune homme, en prétextant que la F1 n'était plus ce qu'elle était, que je devais m'endormir pendant les Grand Prix, que le Championnat était faussé par des manoeuvres politico-financières etc. Malgré cela, et après de nombreuses années de sevrage, je me rends compte, aujourd'hui, que ce que je regardais avidement alors était et a toujours été orné de magnifiques "magouilles", mensonges et que, bien souvent, les Grand Prix étaient soporifiques sur le parcourt d'une saison complète.
Pour ce jeune homme, compte tenu de son âge, il a dû suivre les Grand Prix, dans le meilleur des cas, du début des années 1990. Période que je ne considère pas très glorieuse pour la Formule 1 car, même si elle mettait en avant l'équipe Renault, cela fait toujours plaisir au plus chauviniste des français, elle a surtout été célèbre pour le scandale de la prolifération des systèmes électroniques embarqués. A un tel point que l'on finissait par se demander si le pilote servait encore à quelque chose, c'est pour dire le climat de l'époque. Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas eu du bon dans ces années, loin de moi cette idée, mais cette période est aussi "chargée" pour ceux qui suivait la F1 depuis déjà quelques années.
Allons un petit peu plus loin dans l'histoire. J'ai eu l'occasion de voir, il y a quelques années, un documentaire filmé et commenté d'époque et en couleur, s'il vous plaît, du Grand Prix de France 1967. Parlons donc de cette épreuve, tiens ! Un Grand Prix de France qui va se tenir sur un circuit aménagé sur le célèbre Le Mans : Le Bugatti qui ne ressemblait en rien à l'actuel. C'était mieux avant, sans doute, auraient pu dire les nostalgiques de l'époque car ce tracé était plutôt mal foutu et ne servira que cette fois là d'ailleurs... Entrons dans ce magnifique reportage (NDLR : j'ai du reste perdu ce bijou suite à un problème informatique, si quelqu'un le possède, qu'il me laisse un petit message), il est très intéressant de voir les Clark, Hill, Brabham, Hulme, Gurney, Stewart, Siffert, Rodriguez etc. sur leur impressionantes machines : Lotus, Brabham, Eagle, BRM, Cooper etc. Mais passé l'effet du déplacement de l'époque, de la nostalgie, que constate-t-on ? Un Grand Prix soporifique ! Les Lotus, dotées du fantastique et très en avance Cosworth, dominent très largement mais vont rapidement tomber en panne. Même chose pour l'Eagle de Gurney il ne restera plus que les deux Brabham qui au cours de le saison brilleront par leur fiabilité. Au final, il reste 6 voitures en piste et seulement 2 dans le même tour... C'est un Grand Prix, qui, si on l'avait vu aujourd'hui aurait été catalogué comme sans intérêt. Je me demande même comment les commentateurs auraient pu s'en sortir sans perdre la quasi totalité de leur audience. Et que dire de Sir Brabham qui, cette même année 1967, ne supportera pas de s'être fait chipé le titre de Champion du Monde par Hulme son coéquipier ? Le pauvre Denny qui quittera ce team pour cause de réussite ?
Pour finir, et en guise de réponse déguisée au jeune homme, je ne pense pas que ce soit la F1 qui devient pire avec le temps, non, c'est simplement que notre mémoire est sélective, elle ne veut garder que le meilleur créant, ainsi, l'agréable goût de la nostalgie. C'est cette particularité que l'on a tous qui provoque ce fameux : "C'était mieux avant". Ce n'est pas nécessairement le déroulement des Championnats qui, soyons raisonnables, sont maintenant très orientées vers le spectacle, ce qui n'a pas toujours été le cas.
Alors, au regard de ce que je viens d'évoquer plus haut, on ne peut pas blamer les dirigeants de la F1 de vouloir tout faire pour que le plus grand nombre s'intéresse aux épreuves, bien sûr pour eux cela représente beaucoup d'argent mais... les courses n'en sont pas moins intéressantes.
Cette année j'avoue connaître un regain d'intérêt pour la discipline même si je n'ai pas la télévision pour suivre en direct. La redistribution des cartes pour les ex-top-teams, de jeunes et ambitieux pilotes, etc. Non vraiment la plupart des ingédients sont là pour faire de cette saison l'une des plus intéressantes qui soit... comme tous les ans en Formule 1.